Fiscalité du PER : l’essentiel à savoir avant de débloquer l’épargne
- François Louarn
- il y a 4 heures
- 6 min de lecture

Avant toute décision de versement ou de retrait, il est essentiel de bien comprendre la fiscalité du PER, construite autour d’un principe clé : le report d’imposition.
L’un des grands atouts du Plan Epargne Retraite réside dans la possibilité de déduire les sommes versées de votre revenu imposable (pour les salariés) ou de vos bénéfices professionnels (pour les indépendants). La fiscalité du Plan Epargne Retraite permet une réduction d’impôt immédiate, ce qui en fait un outil d’optimisation fiscale particulièrement intéressant pour les contribuables soumis à une forte pression fiscale.
En contrepartie, les sommes récupérées à la retraite, qu’elles soient perçues sous forme de rente ou de capital sont soumises à l’impôt. Autrement dit, on réduit sa fiscalité aujourd’hui, en anticipant un taux d’imposition potentiellement plus faible au moment de la retraite.
C’est cette logique de fiscalité différée qui fonde l’intérêt du PER : déduire pendant la phase d’épargne, puis être imposé à la sortie, lorsque les revenus sont souvent moindres. Cela permet, dans de nombreux cas, de payer globalement moins d’impôt sur l’ensemble du cycle d’épargne.
Comment sont traités fiscalement les versements ?
Effectuer des versements sur un PER ouvre droit à une réduction de l’impôt sur le revenu. Pour les salariés, ces versements viennent en déduction du revenu imposable ; pour les travailleurs non-salariés, ils sont déductibles des bénéfices professionnels réalisés.
Déduction du revenu imposable
Les versements effectués sur un PER ouvrent droit à une déduction fiscale annuelle, dans la limite d’un plafond propre à chaque membre du foyer fiscal. Pour l’année 2025, la déduction maximale autorisée est égale au montant le plus élevé entre :
4 637 €, soit 10 % du plafond annuel de la Sécurité sociale de 2024,
10 % des revenus nets d’activité professionnelle perçus en 2024, avec un maximum de 37 094 € (soit 10 % de 8 fois le PASS 2024).
💡 Pour un salarié, les revenus nets correspondent aux salaires déclarés, diminués de l’abattement forfaitaire de 10 % pour frais professionnels, ou des frais réels si ceux-ci sont choisis. *
Il est important de noter que cette enveloppe de déduction n’est pas réservée au PER individuel. Elle est partagée avec d’autres dispositifs d’épargne retraite tels que :
L’abondement de l’employeur versé sur un PER d’entreprise collectif,
Les droits inscrits sur un compte épargne-temps (CET) affectés à un PER d’entreprise, dans la limite de 10 jours par an.
Le plafond de déduction est attribué à titre individuel à chaque membre d’un foyer. Ainsi, dans un couple marié ou pacsé, chacun dispose en principe de son propre plafond, calculé en fonction de ses revenus personnels.
Cependant, les couples peuvent mutualiser leurs plafonds. Concrètement, cela signifie que les plafonds individuels peuvent être additionnés pour constituer un plafond familial. Si l’un des conjoints n’utilise pas toute sa capacité de déduction, l’autre peut en bénéficier.
Si, lors d’une année, les versements sont inférieurs au plafond autorisé, le reliquat peut être reporté sur les trois années suivantes. En revanche, si le montant versé dépasse la limite de déduction, l’excédent n’est pas reportable et ne donne lieu à aucun avantage fiscal.
💡On retrouve le montant de ce plafond préalablement rempli sur la déclaration de revenus. Le plafond de déduction tient compte de la limite non utilisée sur les années précédentes, ce qui permet de mieux anticiper la fiscalité du Plan d’Épargne Retraite d’une année sur l’autre.
Déduction du bénéfice imposable
Les travailleurs non-salariés (TNS) tels que les commerçants, artisans, chefs d’entreprise, ou exploitants agricoles peuvent également bénéficier de la fiscalité du PER sur les versements effectués. Cependant, cette déduction se fait de manière spécifique, en fonction de leur bénéfice imposable.
Le plafond de déduction pour un TNS correspond au plus élevé des deux montants suivants :
10 % de 1 PASS 2025 ;
10 % des bénéfices imposables ou rémunération de gérance 2025 dans la limite de 8 PASS + 15 % du bénéfice imposable compris entre 1 et 8 PASS.
Par conséquent, le plafond de déduction fiscale pour un TNS est :
au minimum de 4 710 € (10 % de 47 100 €) ;
au maximum de 87 135 € (10 % de 376 800 € + 15 % de 329 700 €).
Quelle est la fiscalité du PER à sa sortie ?
Le Plan d'Épargne Retraite (PER) offre une certaine souplesse lors de la sortie, notamment en fonction de la manière dont vous choisissez de récupérer votre épargne : sous forme de capital ou de rente. Dans les deux cas, la fiscalité appliquée est différente.
Déduction des versements du PER sur le revenu imposable :
Sortie en rente
Si vous choisissez de percevoir votre épargne sous forme de rente viagère, celle-ci est soumise chaque année à l’impôt sur le revenu (IR), après un abattement de 10 %. En parallèle, une fraction de la rente est également assujettie aux prélèvements sociaux, au taux de 17,2 %. Cette fraction imposable dépend de votre âge au moment du premier versement de la rente. Par exemple :• 40 % de la rente est imposable si vous avez entre 60 et 69 ans.
Sortie en capital
Si vous optez pour une sortie en capital, deux types de fiscalité s’appliquent selon l’origine des sommes retirées :
• La part correspondant à vos versements volontaires est soumise au barème progressif de l’impôt sur le revenu, sans prélèvements sociaux ;
• La part correspondant aux intérêts générés est taxée au prélèvement forfaitaire unique (flat tax) à hauteur de 30 %, soit :
12,8 % d’impôt sur le revenu,
17,2 % de prélèvements sociaux.
La sortie en capital peut être réalisée en une seule fois ou de manière fractionnée. Ce fractionnement permet d’étaler les retraits dans le temps, ce qui peut lisser la fiscalité, notamment si vos revenus annuels varient.
Attention : certains contrats peuvent limiter cette durée de fractionnement (par exemple à 5 ans).
Versements non déduits du revenu imposable
Sortie en rente
Dans le cas d'une sortie sous forme de rente, et si vos versements n’ont pas été déduits, la rente est soumise à un régime spécifique des rentes viagères à titre onéreux. Ce régime prévoit un abattement sur la rente qui varie en fonction de votre âge au moment du début de la perception de la rente. L’abattement est compris entre 30 % et 70 % selon votre âge.
Une fois l'abattement appliqué, la portion restante de la rente est imposée selon le barème progressif de l’impôt sur le revenu. Seule cette portion est également soumise aux prélèvements sociaux, à hauteur de 17,2 %.
Sortie en capital
Dans le cas d’une sortie en capital si vos versements n'ont pas été déduits de votre revenu imposable, le capital correspondant à vos versements est exonéré d'impôt sur le revenu (IR) et de prélèvements sociaux (PS). Seuls les gains générés par l’épargne (intérêts, plus-values) sont soumis à une imposition spécifique, le prélèvement forfaitaire unique (ou flat tax), à hauteur de 30 %. Ce taux comprend :
12,8 % d'impôt sur le revenu ;
17,2 % de prélèvements sociaux.
Imposition en cas de décès
En général, les capitaux issus d’un PER transmis au conjoint ou au partenaire pacsé sont exonérés de droits de succession. Pour les autres bénéficiaires, comme les enfants, la fiscalité applicable varie selon la forme du plan.
Transmission et fiscalité du PER compte-titres en cas de décès
En cas de décès du titulaire, l’épargne accumulée sur un PER sous forme de compte-titres est intégrée à l’actif successoral. Elle est donc transmise aux héritiers selon les règles classiques du droit civil et fiscal.
Contrairement au PER assurance, ce type de plan n’ouvre droit à aucun abattement spécifique en matière de transmission. Le capital est soumis aux droits de succession selon le barème en vigueur, après application éventuelle des abattements légaux (ex. : 100 000 € entre parents et enfants).
Par ailleurs, aucune exonération ne s’applique en fonction de l’âge du souscripteur au moment du décès, ni sur les versements effectués. Le PER compte-titres reste donc moins avantageux fiscalement que le PER assurance en matière de succession.
Fiscalité des capitaux décès dans le cadre d'un PER assurance
Comme en matière d’assurance-vie, au décès du titulaire du plan, les sommes épargnées sont reversées aux bénéficiaires désignés dans le contrat. La fiscalité mise en place dépend de l’âge du titulaire au moment de son décès :
En cas de décès avant 70 ans :
Les sommes dues au bénéficiaire désigné sont exonérées à hauteur de 152 500 €.Ce plafond d’exonération est commun aux contrats d’assurance-vie et s’applique au bénéficiaire selon les mêmes modalités. L’abattement est unique et par bénéficiaire, pour l’ensemble des sommes perçues de plusieurs contrats et PER à la suite du décès du même assuré.
Au-delà de 152 500 €, les capitaux décès sont assujettis à un prélèvement forfaitaire spécifique :
20 % pour la part comprise entre 152 500 € et 852 500 €,
31,25 % pour la part excédant 852 500 €.
En cas de décès après 70 ans :
Les capitaux décès sont soumis aux droits de succession, selon le lien de parenté entre le bénéficiaire et l’assuré, après déduction d’un abattement global de 30 500 €.Cet abattement est unique et s’applique à l’ensemble des bénéficiaires, quel que soit leur nombre et indépendamment du nombre de contrats souscrits par le défunt.

Maîtriser la fiscalité du PER permet d’optimiser au mieux les avantages offerts par ce dispositif d’épargne. Qu’il s’agisse des versements, des conditions de sortie ou du traitement en cas de décès, chaque décision a un impact fiscal. En anticipant ces éléments, vous mettez toutes les chances de votre côté pour valoriser votre épargne dans les meilleures conditions.
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